33ème jour: Give me a reason to be a woman
« Aimer, c'est savourer,
au bras d'un être cher,
La quantité de ciel que Dieu mit dans la chair... »
Victor Hugo
Photo de Anastasia Shuareva ©
Longtemps, j’ai essayé d’écrire un billet d’humeur sur ce que c’est que d’« Etre Femme ».
Pour tout vous dire, je voulais faire une sorte d’éloge de la Femme pour la Journée Internationale de notre espèce.
Onze jours que je ne trouve pas les mots, sans pour autant parvenir à lâcher l’affaire.
J’ai commencé par vouloir me révolter contre le sort de toutes celles qui sont victimes. De viols collectifs, de violence conjugale, de contrainte à la prostitution, d’oppression politique ou culturelle.
Il y a quelque chose de facile dans l’émoi que l’on ressent et suscite à l’évocation des victimes.
Leur réalité existe, indéniablement injuste.
Toutefois, je dois admettre que, pour ma part, je suis rarement victime. Ni des hommes, ni de qui que ce soit. Les véritables victimes ne trouvent aucun réconfort à l’évocation de leurs tortures. Lorsque je désigne autour de moi des bourreaux, c’est le plus souvent parce que je suis, seule, montée sur l’échafaud.
Parmi les grands et moins grands de ce monde, ils sont nombreux, ceux qui ont tenté de nous enfermer dans leur verbe. Nous serions tout à la fois émotives, froides, frivoles, profondes, sauvages, soumises, indiscrètes, cachottières, divines et diaboliques. « LA » Femme est, invariablement multiples et variées...
« Si tu ne sais pas quoi dire, alors tais-toi » assène parfois mon père. Puisque les mots pour dire ma condition de femme continuaient de m'échapper, je me suis donc, tue.
Et là, j'ai su.
Etre femme ne se comprend pas dans les mots. Etre femme se sent dans le frisson d’une peau qu’une main effleure, l’onde qui parcourt l’échine, la chaleur qui réveille le corps et remplit le ventre. Etre femme se découvre, dans le silence de la chair.
*Inspiré de la chanson du groupe Portishead, Give me a reason to love you.