11ème jour: I'm not crazy
La colère vide l'âme de toutes ses ressources, de sorte qu'au fond paraît la lumière. Friedrich Nietzsche (Extrait d' "Humain, trop humain")
De toutes les émotions, la colère m'apparaît comme la plus difficile à vivre. La colère me range immédiatement dans le rang des personnes médiocres qui portent un regard haineux sur une ou plusieurs autres personnes. Malgré que mes intentions soient le plus souvent de faire preuve de noblesse et de générosité, mon regard se déforme sous l'emprise de la colère et je me découvre pointilleuse, scrutant l'autre pour détecter la faute, me convaincre que j'ai raison et qu'il a tort. La colère me pousse à faire des alliances avec d'autres, qui ne seront mes amis que tant que nous partagerons le même objet de haine. La colère me présente au monde nue et vulnérable, là où précisément j'aimerais que l'on me voit forte et conquérante. La colère est un aveu de faiblesse. Elle montre que j'ai abandonné mon pouvoir à un autre que moi, que je crois être dépendante de cette personne pour créer les conditions de mon bonheur. La colère masque ma peur de devoir admettre que je suis à jamais, seul, responsable de ma quiétude.
La colère est une amie, une amie intransigeante qui ne me quitte pas tant qu'elle n'a pas brûlé toutes les fausses attaches et croyances erronnées qui me liaient à un passé révolu. La colère est une passeuse qui me force à planter de nouvelles graines sur les terres qu'elle a brûlées. La colère torture et nettoie. Elle ouvre mon monde sur un nouveau jour où d'autres possibles sont à découvrir.
Photo “The Shame” de Grey World ©