21ème jour: Wings to Fly (2ème partie)
"La pureté et la simplicité sont les deux ailes
avec lesquelles
l'homme s'envole au-dessus de la terre (...)."
Thomas A'Kempis
Photo de Marta Wave ©
La danse orientale connaît depuis quelques années un engouement exponentiel.
C'est là le propos de cette deuxième partie de mon billet "Wings to Fly".
Quel rapport avec l'envolée lyrique d'hier?
Autour de la terre, toutes les femmes se rêvent un jour Princesse des Mille et une Nuits. Certaines se sont inscrites à un cours de danse, afin d'épouser les pas de Shahrazad et apprendre les secrets qui charmeront le Roi de leurs nuits.
Nombreuses sont celles qui renoncent rapidement.
La danse orientale, lorsqu'on en saisit les mystères, se révèle un art délicat et subtil. Au-delà de la seule discipline qu'elle demande aux muscles et à leurs déliements.
Le rictus qui se dessine sur les visages à la seule évocation de son nom remplit les initiées d'amertume. Non pas par snobisme ou élitisme, mais à la façon dont on observe le kérosène sur les plumes d'un oiseau après le naufrage d'un pétrolier.
Il y a quelque chose du désenchantement de ce monde dans l'accueil réservé à la danse orientale aujourd'hui.Quelque chose comme la désolation qui remplit le coeur lorsqu'on passe la nuit avec un homme qui regarde ses biceps en "vous" faisant l'amour.
Oui, la danse orientale est érotique, elle évoque le ressenti, la fête des sens et des sentiments. Elle est voluptueuse et envoûtante, exaltante et généreuse. Elle invite l'esprit du spectateur à partir en voyage, dans des contrées où ses souvenirs se gorgeront de couleur, de chaleur et d'émotions.
Mais elle ne poursuit aucun autre dessein que celui-là.
Partager la grâce d'un mouvement, le trouble, le souvenir d'instants heureux. Pleurer ensemble sur les jours d'infortune. Au travers du mouvement d'une hanche, du tremblement d'un ventre, du clin d'oeil d'une épaule, de l'ivresse d'un tour, se laisser conter une histoire: celle d'être femme ou homme dans ce monde.
Comment en est-on arrivé à faire de cette allégorie un simple appel au coït? De la même façon que l'on a fait de l'érotisme l'évocation plus ou moins directe du rapport sexuel. Nous savons tous que nos sens peuvent nous transporter, nous élever, nous donner un sentiment de communion avec l'autre et avec le monde. Les sens nous envolent.
Avec plus ou moins de tâtonnements, on peut apprendre à contrôler l'obturateur de la jouissance du corps. On peut alors la reproduire, la singer, la monayer. Mais nul ne maîtrise les mystères de la conjugaison des sens avec cette luxuriance de l'esprit, ce sentiment de plénitude qui s'empare quand tout est "juste".
S'initier à l'art de la danse orientale, comme s'initier à l'art de l'érotisme, c'est accepter de rechercher au fond de soi et avec l'autre, quelque chose comme un abandon dans l'instant, la sincérité, la pureté. Retrouver l'innocence.
Ameta dancing with Isis wings in 1903
Les "ailes d'Isis" sont un accessoire utilisé en danse orientale.