78ème jour: Inner Callings
"On ne peut pas mentir aux aphasiques.
Les aphasiques ne comprennent plus les mots
mais la perception qu'ils ont
de la sincérité du corps de celui qui parle
est chez eux un sens infaillible."
Pascal Quignard
Barbotant dans mon bain,
En dévorant la poignante B.D.
"L'Eléphant" d'Isabelle Pralong
J'ai lu:
"Les éléphants ont un rite funéraire
très étrange:
Quand un éléphant sent
que son heure est arrivée,
il s'éloigne du troupeau,
mais pas seul.
Il choisit un compagnon
et ils partent ensemble.
Ils se mettent à marcher dans la savane,
jusqu'à ce que l'éléphant qui va mourir
décide que c'est le bon endroit.
Il fait alors un ou deux tours
en traçant un cercle
et dit à son compagnon
de le laisser.
« Adieu, bye-bye »,
et l'autre rejoint le troupeau." *
Je me suis demandé,
Comment le condamné
Choisissait celui qui l’accompagnerait
Dans ce dernier voyage.
Se lancent-ils dans une discussion
Aussi brève qu’essentielle,
Au vu de l’urgence de la situation ?
Choisit-il son plus vieux copain
Celui qui le connaît comme sa poche...
J’aime penser que les sympathies
Des pachydermes
Font l’économie de mots
Qu’ils font confiance,
Sans analyse, sans preuve,
Ni raisonnement.
Alors peut-être
En dignes mammifères
Que nous restons
Malgré la bienséance,
La civilisation,
Nous pourrions nous aussi,
Retrouver ces élans
Libres et joyeux
Vers ceux
Qu’on sait
Restés ouverts,
Innocents,
Au-delà de l’expérience.
* Pralong, Isabelle, L'Eléphant, Editions Vertige Graphic, Paris, 2007, p.76.
Ecouter également "La Librairie Francophone" du 27 janvier 2008.