41ème jour: Floods of light and life
Photo de Rakicevic Nenad ©
"La peur, c'est l'enfant en nous qui panique."
Tahar Ben Jelloun
L'auberge des pauvres
Souvent, la peur me serre le ventre.
Comme on étrangle un robinet capricieux, je ferme les vannes .
Je ne compte plus le nombre de fois par jour où cela m’arrive.
En sortant de chez moi, j’entends la voix d’une voisine encombrante : crispation de l’estomac. Un papier au loin sur mon pare-brise : froncement de diaphragme. Ton de voix inhabituel de mon chef, opinion énervante d’un collègue, monologue soporifique d’une amie : mon plexus solaire se renfrogne.
Plus je serre, plus il me semble tenir mon destin au creux de la main. Je domine le sort, à poings fermés.
Plic-ploc d’un tuyeau qui goutte, malgré l’effort.
De temps en temps, je me prends de passion pour le tempérament slave, ibère ou romantique. Je rêve d’irruptions volcaniques, ou mieux, de coups d’éclat brusques et soudains. J’aime la vaisselle cassée, les verres et les bouteilles qui se fracassent contre le mur, la voix qui se lève et crie des choses qu’on ne pense pas. J’aime les débordements, les flots de vie et de lumière qui appellent à la prière.
Si seulement j’osais.