1er jour: faire confiance
Certains jours, quand la lumière est belle et que l'on rencontre des sourires sur les visages, le bon et le moins bon semblent faciles à accepter comme autant de pièces d'un puzzle qu'on ne comprend pas encore...
Je suis tombée par hasard sur ce texte, et sa lecture m'a remplie d'une certaine sérénité.
"Un paysan et son fils avaient pour toute richesse un seul cheval. Un jour, le cheval sauta la barrière et s'enfuit dans la campagne. Tout le village se lamentait: "Quel malheur pour ces braves gens d'avoir perdu ce cheval qui était leur seule richesse..." Et le paysan de répondre avec sagesse: "Est-ce un bien? Est-ce un mal? Je ne sais pas."
La semaine suivante, le cheval revint de lui-même à sa pâture, suivi d'une horde de trente chevaux sauvages. Le fils sortit en hâte et referma l'enclos. Tout le village disait: "Quel bonheur que leur cheval soit parti, les voilà maintenant très riches!"... Et le paysan de répondre: "Est-ce un bien? Est-ce un mal? Je ne sais pas."
Quelques jours plus tard, en essayant de dompter l'un des chevaux, le fils fit une chute et se cassa la jambe. Le village commentait: "Quel malheur que ces chevaux sauvages: le fils est à présent immobilisé. Qui va cultiver les champs maintenant?" Et le paysan de répondre: "Est-ce un bien? Est-ce un mal? Je ne sais pas."
Dix jours plus tard, la guerre fut déclarée à la province voisine et on enrôla tous les jeunes gens valides. Le fils du paysan ne fut pas appelé, à cause de sa fracture. Et à nouveau, le village disait: "Quel bonheur qu'il se soit cassé la jambe. Sa vie sera sauve, malgré la guerre..."
Et le paysan de répondre: "Est-ce un bien? Est-ce un mal? Je ne sais pas."
Conte raconté par Jean-Jacques Crèvecoeur in Relations et Jeux de Pouvoir, Editions Jouvence, 2000, p. 150.
Photo: Alain Doury ©